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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/414

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— 1814 —

vait il au maréchal, une pièce qui vient de me parvenir et qui me semble une manœuvre de l’ennemi. L’Empereur ne saurait avoir abdiqué ; je ne peux croire à un pareil malheur. » Fabvier reconnaissait les inconvénients qui pouvaient résulter du départ du maréchal, et dit au colonel Gourgaud que, pour les prévenir, au moins en partie, il se placerait immédiatement aux avant-postes, et se mettrait ainsi en mesure, à la moindre alerte, de hâter le retour de Marmont. Au bout de quelques instants d’intime causerie avec le premier officier d’ordonnance, son camarade et son ami[1], l’aide de camp du maréchal alla, en effet, prendre son poste d’observation à l’extrême avant-garde ; sur la route même de Paris, et Gourgaud, remontant à cheval, parcourut les lignes avancées, puis se rendit au logement de Souham, chargé, nous l’avons dit, du commandement du 6e corps, comme le plus ancien général de division. Arrêté par deux grenadiers de faction à la porte, on lui dit que Souham venait de sortir pour visiter quelques postes ; il n’insista pas et prit le chemin de Mennecy. Il faisait nuit quand il y arriva ; le duc de Trévise était à souper. Gourgaud lui exposa sa mission ; le maréchal le fit reposer quelques instants, et tous deux partirent ensuite pour Fontainebleau.

Officier de la plus brillante bravoure, non-seulement le colonel Gourgaud figurait au premier rang, par sa capacité, dans l’état-major particulier de l’Empereur ; mais jeune, infatigable, caractère énergique et sûr, il était connu de toute l’armée pour l’officier de l’intime confiance de Napoléon. Sa présence inopinée au milieu du 6e corps en un pareil moment et à pareille heure, sa visite des principaux postes et des lignes du 6e corps, avaient alarmé Souham et les autres généraux de division. Complices, nous l’avons dit, du traité fait par le maréchal avec le prince de Schwartzenberg, leur con-

  1. Les colonels Gourgaud et Fabvier avaient été ensemble à l’École polytechnique et appartenaient tous deux à l’arme de l’artillerie.