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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/434

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— 1814 —

d’une haine qu’ils n’avaient jamais eue, ces officiers venaient demander à l’Empereur des lettres de recommandation. On lisait dans celle qu’il donna, entre autres, à M. de Caraman, un de ses officiers d’ordonnance : « J’autorise M. de Caraman à me quitter. Je ne doute pas que son nouveau souverain n’ait d’utiles services à tirer de lui et à se louer de son zèle, de ses talents et de son dévouement. » Il écrivait au général polonais Kosakowski : « Je déclare avec plaisir, mon cher général, que vous m’êtes resté attaché et fidèle jusqu’au dernier moment. »

Ce fut le 20 au matin que les voitures qui devaient l’emmener vinrent se placer au pied de l’escalier de la cour du Cheval Blanc ; la garde impériale était rangée en ligne dans cette cour ; une foule immense, composée de toute la population de Fontainebleau et des villages voisins, se pressait aux grilles et dans les rues adjacentes. À onze heures et demie, les commissaires étrangers, chargés de l’accompagner, se présentèrent dans la pièce qui précédait son cabinet. On l’avertit. Quelques minutes après, le général Bertrand annonçait l’Empereur ! Toutes les personnes présentes se rangèrent aussitôt sur deux files ; Napoléon parut ; sur son passage étaient placés un petit nombre d’amis et de serviteurs, reste de la cour la plus nombreuse et la plus brillante de l’Europe ; il leur serra la main[1], traversa la galerie et descendit le grand escalier. À sa vue, les tambours battirent aux champs ; d’un geste imposant, il leur fit faire silence ; puis s’avançant vers sa garde, il éleva la voix et dit :

« Officiers, sous-officiers et soldats de ma vieille garde, je vous fais

  1. Le baron Fain, dans son Manuscrit de 1814, cite les noms suivants : le général Belliard, le colonel Gourgaud, le colonel de Bussi, le colonel Anatole de Montesquiou, le comte de Turenne, le général Fouler, le baron de Mesgrigny, le baron Fain (l’auteur du Manuscrit), le lieutenant-colonel Athalin, le baron de Laplace, le baron le Lorgne d’Ideville, le chevalier Jouanne, le général Kosakowski et son compatriote le colonel Vonsowitch. — Le valet de chambre de confiance de l’Empereur, Constant, et son mameluk Roustan, avaient disparu la veille.