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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/45

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— 1793 - 1799 —

veille, demandèrent à connaître les motifs et le but de la translation des deux Assemblées. On leur répondit que, malgré la justice de cette réclamation, il était impossible de satisfaire leur curiosité. Ils insistèrent avec force : Regnier alors s’irrita, et dit qu’il était indécent d’exiger des explications publiques, quand ces révélations pouvaient donner l’éveil aux hommes qui mettaient la patrie en danger. — Mais quels sont ces hommes ? quel est ce danger ? répliquaient les récalcitrants.

Ces questions, renouvelées à plusieurs reprises, restèrent encore sans réponse. Il devenait cependant difficile aux membres de la majorité de continuer à siéger sans être bientôt obligés de rompre le silence ; l’un d’eux, pour gagner du temps, propose de notifier la constitution du conseil au Directoire et aux Cinq-Cents, et de suspendre toute délibération jusqu’au retour des messagers. Cet expédient, qui permettait à l’Assemblée de se maintenir en séance sans qu’il y eût de discussion, est immédiatement adopté, et le représentant Cornudet[1] prend l’engagement de révéler le complot, dès que les réponses à ces deux messages seront connues. Ces réponses, la majorité ne l’ignorait pas, devaient se faire attendre longtemps : les Cinq-Cents, en effet, ne délibéraient pas encore, et le Directoire, dont le siège légal était à Paris, n’existait plus. Enfin, vers les deux heures et demie, le messager d’État envoyé au Luxembourg revint avec la lettre suivante du secrétaire général Lagarde :

« Le messager d’État que vous avez chargé des pièces ci-jointes me les a présentées. Je n’ai pu les recevoir, parce que quatre membres du Directoire ayant donné leur démission[2], et le cinquième[3], ayant été mis

  1. Depuis comte, sénateur, pair de France, etc.
  2. Le secrétaire général du Directoire se trompait. Le général Moulin, à la rente, avait échappé pendant la nuit à ses gardes ; mais il s’était retiré sans donner sa démission. Il n’y avait que trois directeurs démissionnaires : Sieyès, Roger-Ducos et Barras.
  3. Gohier.