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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/64

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— 1800 - 1807 —

traient avec eux. Tous se montraient exaspérés contre le chef du nouveau gouvernement ; les Italiens lui reprochaient de protéger le Pape et de ne pas rétablir la République romaine ; Aréna et ses amis l’accusaient d’avoir détruit, en France, la liberté. Il fallait, disaient-ils, trouver un Brutus pour frapper le nouveau César. Toutefois, déclamateurs plus bruyants que redoutables, leur colère se perdait en propos violents et en vaines menaces, lorsque l’un d’eux introduisit dans la réunion un militaire sans emploi, nommé Harrel, qui passait pour un caractère des plus décidés. Les mécontents virent dans cet officier un vengeur suscité par le génie révolutionnaire : ils l’initièrent à leur pensée, et lui en proposèrent l’exécution. Harrel, effrayé, s’ouvrit à un commissaire des guerres, et, sur le conseil de ce dernier, se hâta de révéler les faits à M. de Bourrienne, secrétaire particulier de Bonaparte, ainsi qu’au général Lannes, commandant de la garde des Consuls. Harrel était dans la misère : la police, immédiatement avertie, lui remit quelque argent, en lui enjoignant de se prêter à tout ce qu’on lui proposerait. Harrel n’hésita donc pas à déclarer à Demerville et à ses amis, qu’il était prêt à se sacrifier, si quelques auxiliaires résolus pouvaient le seconder : or il connaissait, disait-il, plusieurs républicains énergiques qui consentiraient probablement à joindre leurs bras au sien. Ces hommes étaient des agents de police qui furent d’autant mieux accueillis par la réunion, que, dans l’emportement de la passion révolutionnaire dont ils semblaient dévorés, ils n’admettaient, pour agir, ni hésitation, ni délai. Des poignards et des pistolets, fournis par Topino-Lebrun, furent donnés à Harrel et aux agents ; un jour fut fixé pour l’exécution du complot, et le 18 vendémiaire an IX (10 octobre 1800), au moment où le Premier Consul, dont la garde avait été doublée, venait assister à la représentation d’un opéra nouveau, Harrel et les agents de police, tous armés jusqu’aux dents, étaient arrêtés dans un des couloirs de la salle de spectacle. Céracchi