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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/63

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— 1800 - 1807 —

mêlée de mitraille, ébranle tout le quartier. Bonaparte en fut quitte pour la secousse ; mais quarante-six maisons de la rue Saint-Nicaise furent à demi renversées, vingt-huit personnes grièvement blessées, huit tuées sur le coup. Un tonneau fortement cerclé en fer et en bois, rempli de poudre, de clous de toutes les grosseurs, de balles de tous les calibres, et placé sur une charrette de porteur d’eau, venait de causer cette effroyable catastrophe. La charrette était attelée d’un petit cheval que gardait une pauvre jeune fille à laquelle on avait promis douze sous pour ce service. La jeune fille était mise en pièces ; il ne restait plus que les pieds et les jambes de cette infortunée. Les bandes de fer appliquées aux roues de la voiture avaient été lancées à une très-grande distance ; les autres débris furent trouvés épars et fort éloignés les uns des autres. On parvint à réunir quelques vestiges du cheval et de la charrette ; on les rapprocha et on en composa un signalement que l’on fit connaître au public par la voix des journaux. Tous les marchands de chevaux de Paris et de la banlieue, les grènetiers, les loueurs de voitures, furent vainement appelés et interrogés durant plusieurs jours, les recherches les plus actives demeurèrent sans résultat.

Un procès que le tribunal criminel de la Seine était à la veille de juger, et dans lequel se trouvaient impliqués plusieurs républicains fougueux, porta d’abord, sur les hommes de ce parti, les soupçons du Premier Consul et de son entourage. Les accusés avaient été arrêtés le 18 vendémiaire (10 octobre) précédent, dans les circonstances suivantes.

Quelques membres de l’ancienne Société des Jacobins, dont l’exaltation s’était maintenue au niveau des passions de 1795, entre autres le peintre Topino-Lebrun, le sculpteur Céracchi, et un ancien membre du conseil des Cinq-Cents, le Corse Aréna, se réunissaient habituellement chez un ancien employé du Comité de salut public, nommé Demerville, qui se trouvait alors sans emploi. Bon nombre de réfugiés italiens s’y rencon-