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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/8

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— 1793 - 1799 —

mes, les femmes, les jeunes gens, se groupaient autour du comte d’Artois.

La mort de Louis XVI aurait dû suspendre toutes les querelles. Loin de là : accueillie par les amis du comte d’Artois comme une expiation de la sanction donnée aux décrets qui avaient aboli les droits féodaux et constitué civilement le clergé ; regardée par les amis de Monsieur comme le résultat douloureux mais inévitable de la faiblesse et des hésitations du monarque, cette mort souleva une question de titres et de prérogatives qui rendit plus profonde encore la séparation des deux partis. En droit monarchique, le roi n’avait pas cessé d’exister ; il vivait dans la personne du Dauphin. Mais, mineur et prisonnier, Louis XVII ne pouvait exercer le pouvoir royal. Qui devait gouverner en son nom ? Là était le débat. — Le comte d’Artois tient dans ses mains l’épée de la monarchie ; à lui la régence, disaient les partisans de ce prince. — Monsieur est le chef de la famille, répliquaient les politiques ; les lois du royaume, comme la tradition, lui donnent la tutelle du jeune roi et le gouvernement.

On soumit le cas aux souverains ; pas un d’eux ne daigna répondre. On interrogea leurs ministres ; ils gardèrent également le plus absolu silence. À ce moment, il est vrai, les armées de l’Autriche et de la Prusse venaient de battre les troupes républicaines à Aldenhoven, à Nerwinde, à Famars, à Pirmasens, à Kaiserslautern ; Mayence était reprise ; Condé, Valenciennes, le Quesnoy, Landrecies, venaient de capituler. Ces succès avaient grandi les prétentions des envahisseurs ; au début de la guerre, ils ne poursuivaient que la restauration du principe monarchique ; vers le milieu de 1793, après le supplice du roi, leur but avait changé ; ils ne rêvaient rien de moins que la conquête et le partage de la France. La lutte entre les deux frères de Louis XVI dura plusieurs mois ; des deux côtés on écrivit, on discuta ; à la fin, les deux partis, lassés, convinrent d’une transaction : — Monsieur fut régent,