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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/81

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— 1800 — 1807 —

avait été proposée au Premier Consul par le conseiller d’État Réal, préfet de police, aussitôt après la déclaration de Bouvet de Lozier. Bonaparte s’était refusé à l’accorder : « Moreau est un homme trop important, dit-il au préfet de police ; il m’est trop directement opposé ; j’ai un trop grand intérêt à m’en défaire pour m’exposer ainsi aux conjectures de l’opinion. — Mais si pourtant il conspire avec Pichegru ? avait répliqué Réal. — Alors, c’est différent : produisez-en la preuve, montrez-moi que Pichegru est ici, et je signe immédiatement l’ordre d’arrestation. »

La police se mit aussitôt à l’œuvre. On se présenta à un quatrième étage, chez un ancien religieux, frère de Pichegru. Saisi par les suppôts de Fouché, cet homme prit peur et demanda ce dont on l’accusait. « Me ferait-on un crime, s’écria-t-il, d’avoir reçu la visite de mon frère ? J’ai été le premier à lui peindre son péril et à lui conseiller de s’en retourner. » La police n’alla pas plus loin ; elle venait d’apprendre ce qu’il lui importait de savoir, et le 25 pluviôse (15 février), sept jours après la déclaration de Bouvet, Moreau, arrêté à sa terre de Grosbois, fut conduit à la tour du Temple et immédiatement interrogé. Moreau, dans ce premier interrogatoire, déclara ne connaître ni Georges ni ses complices, ne rien savoir de l’arrivée de Pichegru en France, et repoussa énergiquement toutes les insinuations tendant à lui faire avouer qu’il avait vu ce général et qu’il eût le moindre renseignement sur sa présence et sur sa demeure à Paris.

Treize jours après, le 8 ventôse (28 février), Pichegru fut également arrêté. À dix jours de là, c’était le tour de Georges.

Logé, à son arrivée à Paris, rue du Bac, chez le marchand de vin où l’on avait saisi Picot, Georges quitta bientôt cette retraite pour habiter successivement quai de Chaillot, no 6 ; rue du Carême-Prenant, no 21 ; rue du Puits-l’Ermite, près du Jardin des plantes ; puis enfin chez une fille Hizay, qui, alliant aux mœurs les plus dissolues un royalisme ardent