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Page:Vaulabelle - Histoire des deux restaurations jusqu’à l’avènement de Louis-Philippe, tome 1.djvu/85

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— 1800 - 1807 —

le Premier Consul donnaient des espérances auxdits ci-devant princes, je lui répondis que les ci-devant princes n’avaient de partisans en France ni dans les armées, ni dans les autorités constituées, ni parmi les citoyens, presque tous acquéreurs de biens nationaux, et moi le premier, puisque j’étais propriétaire d’une terre qui avait appartenu au Prétendant.

J’ajoutai que le gouvernement était tellement constitué, que vouloir l’attaquer serait la plus haute des folies...

Le lendemain, Roland, envoyé par Pichegru, me demanda, au nom de ce dernier, si je n’avais pas moi-même des prétentions à l’autorité. Je lui répondis que ce serait une autre folie... »

Moreau avait fait un premier mensonge : la dernière partie de la déclaration dont nous venons de reproduire les passages essentiels était-elle plus véridique ? Il l’affirma, la plupart de ses coaccusés persistèrent à le démentir. Quoi qu’il en soit, aucun fait de participation matérielle ne lui fut opposé. Sa renommée, ses services, d’ailleurs, plaidaient pour lui ; ses juges ne le condamnèrent qu’à deux ans de prison, ainsi que Jules de Polignac, Louis Léridan, Jean Roland et la fille Marie Hizay. Vingt accusés furent condamnés à mort ; le reste fut absous. Les prévenus étaient au nombre de quarante-sept.

Des vingt condamnés à mort, Georges Cadoudal, son frère Pierre-Jean Cadoudal, Louis Ducorps, Louis Picot, Coster-Saint-Victor et Joyau, deux des complices de Saint-Réjant et de Carbon dans l’affaire de la machine infernale, Burban, Mercier, Lelan, Mérille et Roger furent seuls exécutés ; les huit autres, Armand de Polignac, Bouvet de Lozier, de Russillion, Rochelle, de Rivière, d’Hosier, Lajolais et Armand Gaillard, obtinrent des lettres de grâce du Premier Consul.

Pichegru, comme on le voit, ne figura pas au nombre des condamnés : il s’était soustrait à son sort par un suicide. Les détails de son arrestation méritent d’être rapportés ; voici comment les a racontés Napoléon :

« Pichegru fut victime de la plus infâme trahison ; c’est vraiment la dégradation de l’humanité ; il fut vendu par son