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Page:Verhaeren - Hélène de Sparte, 1912.djvu/67

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Spasmes qui jaillissez de nos chairs avilies
Sous l'orage fougueux des dents et des baisers ;
Et vous, mains des hommes dont nous sommes les proies
Dans la guerre et le sang, le meurtre et la terreur
Et qui n'avez brûlé les murailles de Troie
Que pour que nos yeux nus en reflètent l'horreur ;
Je vous hais, je vous hais, de m'avoir pris Hélène
Et sa tendresse ardente et son puissant amour
Et d'avoir fatigué de douleur et de haine,
Ce cœur qui me repousse et que j'aime toujours.


(Elle quitte la scène, violemment)


HÉLÈNE


Comprenez-vous, Pollux, ma détresse et ma crainte
Et sous quel faix je vais rentrer en ma maison ;
Ô vous, l'aîné des miens, dont les conseils sans feinte
Affermissaient jadis ma naissante raison.
Des yeux fixés sur moi tout à coup me convoitent,
La bouche qui m'approche est brûlante soudain,
La main que l'on me tend est attirante et moite
Et l'on dirait que les lèvres du vent ont faim,