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Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/29

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Vois-tu, j’ai si souvent songé avec envie
À cette heure affolée où j’entrerais en toi
Comme un vainqueur soudain avec toute ma vie,
Où mes yeux te verraient, après l’instant d’effroi,
Haleter de bonheur et crier de tendresse
Et mordre le feuillage en ne le sachant pas.


KATO

Tais-toi, tais-toi : je sens que la brise caresse
Trop doucement mon cou et mon front et mes bras
Et j’ai honte et j’hésite et je ris et j’ai crainte.
Pourtant, que ferais-tu si dès ce soir mon corps
Sortait heureux et fécondé de notre étreinte ?


JEAN

Oh ! comme tout serait simple et facile alors !
Disputes, poings tendus, refus, calculs et rages,