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Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/77

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Pourquoi depuis dix ans mon lin et mon épeautre
Sont-ils plus drus et plus compacts que ceux des autres ?
Pourquoi mon regain vert s’érige-t-il plus haut
Que votre foin debout quand l’entament les faux ?
Pourquoi ai-je pu, seul, décider la luzerne
À recouvrir un coin de nos bruyères ternes ?
Enfin, pourquoi, aux tristes jours, quand le pays
Dans ses plus beaux vergers n’arborait aucun fruit,
Ai-je pu, moi, moi seul, en septembre, un dimanche
Vous offrir trois brugnons sur une assiette blanche ?
Le savez-vous, le savez-vous ?


AUGUSTIN

Que vous soyez rusé comme une eau qui fait route
Sur un lit inégal de cailloux en cailloux,
Aucun de nous n’en doute.