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Page:Verhaeren - Les Blés mouvants, 1912.djvu/78

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BENOIT

Il faut me voir dans mon grenier,
Lorsque l’hiver commence,
Triant et recelant mes puissantes semences
En de vieux sacs de papier.
On me prendrait pour un avare
Qui palpe et compte et fait sonner ses arrhes.
Je combine si bien les menus soins
Qu’il faut donner, suivant le sol, à chaque coin,
Que quelques-uns m’ont dit que je vois sous la terre.
Comme on souffle sur une fleur
Pour permettre aux regards d’aller jusqu’à son cœur,
Je pénètre dans le mystère
En tâchant d’être adroit ;
Et je devine encor bien plus que je ne vois.


SIMON

Vous avez vos secrets, et nous avons les nôtres.