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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/105

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les apparus dans mes chemins


Mon âme ! — Elle est aux sables de la mort ;
Mon âme ! — Elle est roulée, elle est foulée,
Elle est rongée et saccagée,
Elle est, dans la tempête de la vie,
Mangée aux sables de la mort.

Les navires cavalcadeurs
Leur avant fier bouillant d’écumes,
Tous pavillons comme des plumes,
S’en vont vers les ailleurs,
Là-bas, où des palais de glaciers d’or
Réfléchissent, de haut en bas,
La joie et l’essor fou des mâts
Et des voiles, en leurs murailles blanches.

Mon âme ! elle est aux sables de la mort ;
Mais ses désirs mal écrasés
La fuient et se glissent, en ces vaisseaux, solennisés
D’une royale et fougueuse armature,
Qui passent, vers l’espace.
Des marins roux chantent, dans la mâture,
Le pont reluit ; toute vague soleille ;
Et le tortil du pavillon, dans l’air,