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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/106

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poèmes, iiie série

Fouette la fragile merveille
D’un jour de mai, parmi la mer.

Et mon âme connaît le pays clair,
Où le silence est une joie
Qui, dans l’argent et la neige, flamboie.
Elle connaît, là-bas, la grotte en diadème,
Belle de froid et de pendeloques de gel,
Où le luxe des feux myriadaires est tel
Qu’elle s’éblouit elle-même
Et, dans son cœur, se satisfait.
Et mon âme est celle qui sait
Que le bonheur est dans le froid
Dans le sommeil et le silence et croit
Aux pays blancs et immobiles
Posés — tels des marbres — sur les pôles tranquilles.

En de lourd-sonnantes bouées,
Au long des façades et des monts de la mer,
Sous des vagues et des vagues foulée,
Mon âme enfle son glas, au long des sables de la mer.