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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/112

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poèmes, iiie série

À chaque heure, violenter sa maladie ;
L’aimer et la maudire et la sentir
Chaude, comme un foyer mal éteint d’incendie,
Se déployer sa peine et s’en vêtir ;
Être de ses malheurs mêmes, l’orgueil,
Et quelquefois celui qui, dans les villes, passe
Et qui s’assied, son geste en fer barrant le seuil
Du temple, où vont prier les hommes de sa race.

Et puis le proclamer, mais n’ériger l’espoir
Que pour sournoisement, l’abattre avec sa haine ;
Contrarier l’aurore avec le soir ;
Torturer le présent avec l’heure prochaine ;
Trouver de la douceur en son angoisse, lasse
De n’avoir plus la peur de la menace ;
N’éclairer pas d’un trop grand feu
L’énigme à deviner par delà les nuages,
Qui fit songer les sages
Qu’un Dieu connu n’est plus un Dieu.

L’homme du soir de la fatigue