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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/127

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les apparus dans mes chemins


Je suis celui des pourritures prophétiques.

En un jardin, velu de moisissure,
Je cultive sur un espalier noir,
La tristesse qui renia l’espoir,
Les fruits bouffis des flétrissures
Les muscles corrodés et les mornes caries
Des voluptés meurtries.
La maladie ? elle est, ici, la vénéneuse
Et triomphale moissonneuse
Dont la faucille est un croissant de fièvre
Taillé dans l’Hécate des vieux Sabbats.
La fraîcheur de l’enfance et la santé des lèvres,
Les cris de joie et l’ingénu fracas
Des bonds fouettés de vent, parmi les plaines,
Je les flétris, férocement, sous mes haleines,
Et les voici, aux quatre coins de mes quinconces
En tas jaunes, comme feuilles et ronces.

Je suis celui des pourritures souveraines.

Voici les assoiffés des vins de la beauté ;