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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/128

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poèmes, iiie série

Les affolés du rut d’éternité
Qui fit naître Vénus, de la mer toute entière ;
Voici leurs flancs, avec les trous de leur misère ;
Leurs yeux, avec du sang ; leurs mains, avec des ors ;
Leurs livides phallus tordus d’efforts
Cassés — et, par les mares de la plaine,
Les vieux caillots noyés de la semence humaine.
Voici celles dont l’affre était de se chercher
Autour de l’effroi roux de leur péché,
Pour se mêler et se mordre, folles gorgones ;
Celles qui se léchaient, ainsi que des lionnes —
Langues de pierre — et qui fuyaient pour revenir
Toujours pâles, vers leur implacable désir,
Fixe, là-bas, le soir, dans les yeux de la lune.
Tous et toutes — regarde — un à un, une à une,
Ils sont, en de la cendre et de l’horreur
Changés — et leur ruine est la splendeur
De mon domaine, au bord des mers phosphorescentes.

Je suis celui des pourritures incessantes.