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poèmes, iiie série

« Je suis belle, comme les fleurs sereines,
Je regarde, par la fenêtre de la vie
Vers les domaines de la mort,
Pour y revivre, un jour, en poussière ravie,
Qui t’aimerait encor.
Ma maison claire est douce intimement
Et les rideaux du blanc silence
Tombent sur mon mystère et sur ma vigilance ;
Mon pain est fait de pur froment ;
J’habite, au loin des grandes routes,
Là-bas, parmi les bois, les prés, les voûtes
De l’amical feuillage et près de la fontaine.
Je fleuris simple et ma fierté,
Si timide parfois ou gauchement hautaine,
N’est que la pureté de ma clarté. »

La dernière des sœurs nous est la charité toute âme,
Qui regarde le monde, avec les yeux de Dieu,
Pauvre, mais érigeant, entre ses mains, la flamme
Et, dans son cœur, les feux
Et les glaives de la pitié totale.
Elle est, par au delà de la sagesse étale,
Celle de l’ardente et divine folie
Qui se saigne le cœur et qui se multiplie