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les apparus dans mes chemins

Comme l’amour du Christ lui-même.
Celle, qui ramasse, jusqu’au blasphème,
Pour en avoir douceur et peine,
L’universelle et non coupable Madeleine,
La sublime putain du bien,
L’abandonnée aux coups de tous, que rien
Ne rebute, ni rien ne rassasie.
Par les chemins damnés du monde,
Par la contrée atroce et la ville transie
Des affolés et des mâchant-la-faim,
Elle partage à tous sa passion féconde
Pour le total bonheur humain.
Elle est l’amante violente,
L’usée et des lèvres et des genoux,
Celle dont les baisers bouchent les trous
Des haillons noirs de la détresse ;
Sévère aussi et parfois vengeresse
Et guerrière, quand ses drapeaux
Volent, dans la révolte et la lumière,
Et que son pied, qui casse les tombeaux,
En fait surgir une aube au clair et des flambeaux.

Elles sont quatre à me parler
— Robes chastes et mantes lentes