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poèmes, iiie série


Elle est, durant mes nuits de fièvre,
La goutte fraîche, sur la lèvre,
Et la lampe, qui toujours veille.

Elle est ma ferveur réorientée,
Ma jeunesse ressuscitée,
Un flot d’aurore, en une aurore.


Aussi m’étant le seul présent, c’est elle
L’heure qui sonnera et remplira
Toute l’éternité, qu’est l’avenir.
J’aurai ses yeux, ses mains, son cœur,
Pour mains, regards et cœur à moi,
Ses bras en croix devant les sentes
Qui vont vers les périls et les descentes
Me ramènent jusqu’aux chapelles de la foi ;
Ses pieds laissent des marques d’or
Sur le sable de blanc silence
Qu’épand mon âme, en sa présence,
Et je les baise et mon effort
Sera de suivre au loin leurs mystiques empreintes,