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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/176

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poèmes, iiie série


Les fleurs charnelles et nocives,
Et flasques comme des gencives,
Abandonnent au vent dolent
Leurs pétales et leurs couleurs ;
Les fleurs mornes abandonnent
Au vent d’automne
Leur sang et leurs douleurs
Monotones.

Le soir a beau filtrer ses ombres,
Par le treillis des taillis sombres,
Et le soleil, comme un cri rouge,
Se perdre et s’étouffer dans l’eau qui bouge,
Elles réapparaissent sous la lune,
Les fleurs mornes et importunes,
Grappes de pleurs, bouquets de sang,
Qui se mirent et se déchirent
Dans la pâleur de l’étang blanc.