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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/32

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poèmes, iiie série


Et les maisons et les chaumières
Qui regardaient le cimetière,
Pour ne point voir, étaient là toutes,
Volets fermés, le long des routes.

Le fossoyeur se sentit seul
Devant ce défunt sans linceul
Dont tous avaient gardé la haine
Et la crainte, dans les veines.

Sur sa butte morne de soir,
Le vieux meunier du moulin noir,
Jadis, avait vécu d’accord
Avec l’espace et l’étendue
Et le vol fou des tempêtes pendues
Aux crins battants des vents du Nord ;
Son cœur avait longuement écouté
Ce que les bouches d’ombre et d’or
Des étoiles dévoilent
Aux attentifs d’éternité ;
Le désert gris des bruyères austères
L’avait cerné de ce mystère
Où les choses pour les âmes s’éveillent
Et leur parlent et les conseillent ;