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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/33

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les villages illusoires


Les grands courants qui traversent tout ce qui vit
Étaient, avec leur force, entrés dans son esprit,
Si bien que par son âme isolée et profonde
Ce simple avait senti passer et fermenter le monde.

Les plus anciens ne savaient pas
Depuis quels jours, loin du village,
Il perdurait, là-bas,
Guettant l’envol et les voyages
Et les signes des feux dans les nuages.

Il effrayait par le silence
Dont il avait, sans bruit,
Tissé son existence ;
Il effrayait encor
Par les yeux d’or
De son moulin tout à coup clairs, la nuit.

Et personne n’aurait connu
Son agonie et puis sa mort,
N’étaient que les quatre ailes
Qu’il agitait vers l’inconnu,
Comme des suppliques éternelles,