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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/45

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les villages illusoires

Rythme en tempête
Le désespoir qui bat sa tête.

La tour,
Avec, à son faîte, la croix brandie,
Épand, vers l’horizon halluciné,
Les crins rouges de l’incendie.
Le bourg nocturne en est illuminé.
Les visages des foules apparues
Peuplent de peur et de clameurs les rues
Et, sur les murs soudain éblouissants,
Les carreaux noirs boivent du sang.

Le vieux sonneur, vers la campagne immense,
Jette, à pleins glas, sa crainte et sa démence.

La tour,
Elle grandit, sur l’horizon qui bouge ;
Elle est volante en lueurs rouges,
Par au-dessus des lacs et des marais ;
Ses ardoises, comme des ailes
De paillettes et d’étincelles,
Fuient, dans la nuit, vers les forêts ;