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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/46

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poèmes, iiie série

Au passage des feux, les chaumières s’exhument
De l’ombre et, tout à coup, s’allument
Et, dans l’effondrement du faîte entier, la croix
Choit au brasier, qui tord et broie
Ses bras chrétiens, comme une proie.

Le vieux sonneur sonne si fort qu’il peut
Comme si les flammes brûlaient son Dieu.

La tour,
Le feu s’y creuse en entonnoir,
Par au dedans des murs de pierre,
Gagnant l’étage et le voussoir,
Où saute et rebondit la cloche en sa colère.
Les corneilles et les hiboux
Passent, avec de longs cris fous,
Cognant leur tête aux fenêtres fermées,
Brûlant leur vol, dans les fumées,
Hagards d’effroi, lassés d’efforts,
Et, tout à coup, parmi les houles de la foule,
S’abattant morts.

Le vieux sonneur voit s’avancer, vers ses cloches brandies,
Les mains en or qui bout de l’incendie.