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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/72

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poèmes, iiie série


Puis on couvrit de terre
Leur adultère.
Et le fermier rentra chez lui
Et, dans leur lit, il s’endormit.

Le valet fou courut le monde
Du port d’Anvers à Trébizonde,
Jusqu’aux pays, où l’or nouveau
Monte des mains vers le cerveau
Et hallucine, autant qu’un vin.

Pendant des ans et puis des ans,
Il but cet or, comme un levain,
Pour que chauffât la haine
Implacable, parmi ses veines.

Et puis, un jour de mâle destinée,
Vers son clocher et vers sa plaine,
Tout sanguin d’or, il s’en revint.

La ferme était abandonnée,
Depuis la mort, que les années
Avaient, sur le fermier, vannée.