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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/94

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poèmes, iiie série


La flamme ronfle et casse et broie,
S’arrache des haillons qu’elle déploie,
Ou sinueuse et virgulante
S’enroule en chevelure ardente ou lente
Puis s’apaise soudain et se détache
Et ruse et se dérobe — ou rebondit encor :
Et voici, clairs, de la boue et de l’or,
Dans le ciel noir qui s’empanache.

— Quand brusquement une autre meule au loin s’allume ! —

Elle est immense — et comme un trousseau rouge
Qu’on agite de sulfureux serpents,
Les feux — ils sont passants sur les arpents
Et les fermes et les hameaux, où bouge,
De vitre à vitre, un caillot rouge.

— Une meule qui brûle !

Les champs ? ils s’illimitent en frayeurs ;
Des frondaisons de bois se lèvent en lueurs,