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Page:Verhaeren - Poèmes, t3.djvu/95

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les villages illusoires

Sur les marais et les labours ;
Des étalons cabrés, vers la terreur hennissent ;
D’énormes vols d’oiseaux s’appesantissent
Et choient, dans les brasiers — et des cris sourds
Sortent du sol ; et c’est la mort,
Toute la mort brandie
Et ressurgie, aux poings en l’air de l’incendie.

Et le silence après la peur — quand, tout à coup, là-bas,
Formidable, dans le soir las,
Un feu nouveau remplit les fonds du crépuscule ?

— Une meule qui brûle ! —

Aux carrefours, des gens hagards
Font des gestes hallucinés,
Les enfants crient et les vieillards
Lèvent leurs bras déracinés
Vers les flammes en étendards.
Tandis qu’au loin, obstinément silencieux,
Des fous, avec de la stupeur aux yeux — regardent.

— Une meule qui brûle ! —