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Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/320

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l’épave du cynthia.

le mot de l’énigme, comment on avait appris qu’il se trouvait à bord de la Véga, comment on était allé l’y chercher, comment on avait été conduit à changer d’itinéraire, puis à pousser jusqu’à l’île Ljakow, jusqu’au cap Tchelynskin… Tout cela, Erik le disait pour se disculper en quelque sorte d’être un héros. Il le disait parce qu’il avait honte maintenant de se voir accablé d’éloges pour ce qui lui semblait si naturel et si simple.

Et, pendant ce temps, le crayon du reporter, M. Squirrélius, courait sur le papier avec une rapidité sténographique. Les dates, les noms, les moindres détails — tout était noté. M. Squirrélius se disait, le cœur palpitant, que ce n’était pas cent lignes, mais cinq ou six cents qu’il allait tirer de cette confession. Et quelles lignes !… Un récit vibrant, pris sur le vif, émouvant comme un feuilleton !

Le lendemain, ce récit remplissait trois colonnes dans le journal le plus répandu de la Suède. Comme il arrive presque toujours en pareil cas, la sincérité d’Erik, loin de diminuer ses mérites, les mit au contraire en valeur, par la modestie qu’elle attestait et l’intérêt romanesque qu’elle apportait à son histoire. La presse et le public s’en emparèrent avec avidité. Ces détails biographiques, bientôt traduits dans toutes les langues, ne tardèrent pas à faire le tour de l’Europe.

C’est ainsi qu’ils arrivèrent à Paris et pénétrèrent un soir, sous la bande encore humide d’un