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Page:Verne, Laurie - L’Épave du Cynthia.djvu/321

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la fin du périple.

journal français, dans un modeste salon situé rue de Varennes, au second étage d’un vieil hôtel.

Deux personnes se trouvaient dans ce salon. L’une était une dame en vêtements noirs et en cheveux blancs, quoiqu’elle parût jeune encore, et dont toute la personne portait l’empreinte d’un grand deuil éternel. Assise sous l’abat-jour de la lampe, elle travaillait machinalement à une broderie, tandis que ses yeux se fixaient dans l’ombre sur quelque souvenir inoubliable et accablant.

De l’autre côté de la table, un grand vieillard parcourait d’un regard distrait le journal que son domestique venait de lui apporter.

C’était M. Durrien, consul général honoraire et l’un des secrétaires de la Société de géographie — celui-là même qui s’était trouvé à Brest, chez le préfet maritime, au moment du passage de l’Alaska.

Sans doute, à raison de ce fait, le nom d’Erik frappa particulièrement son attention, car, en lisant l’article biographique consacré au jeune navigateur suédois, il eut comme un tressaillement. Puis, il relut cet article avec une profonde attention. Peu à peu, une pâleur intense se répandit sur son visage déjà si pâle. Ses mains furent prises d’un tremblement nerveux. Son trouble devint si manifeste que sa silencieuse compagne s’en aperçut.

« Mon père, est-ce que vous souffrez ? demanda-t-elle avec sollicitude.