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Page:Verne - Face au drapeau, Hetzel, 1915.djvu/148

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face au drapeau.

Je n’ai qu’à obéir. Cependant, avant de quitter le pont, j’observe que le maître d’équipage ne fait point allumer les feux de position, tandis que le trois-mâts a disposé les siens, – feu vert à tribord et feu rouge à bâbord.

Je ne mets pas en doute que la goélette ait l’intention de passer inaperçue dans les eaux de ce navire. Quant à sa marche, elle a été quelque peu ralentie, sans que sa direction se soit modifiée.

J’estime que, depuis la veille, l’Ebba a dû gagner deux cents milles vers l’est.

J’ai réintégré ma cabine sous l’impression d’une vague appréhension. Mon souper est déposé sur la table ; mais, inquiet je ne sais pourquoi, j’y touche à peine, et je me couche, attendant un sommeil qui ne veut pas venir.

Cet état de malaise se prolonge pendant deux heures. Le silence n’est troublé que par les frémissements de la goélette, le murmure de l’eau qui file sur le bordage, les légers à-coups que produit son déplacement à la surface de cette paisible mer…

Mon esprit, hanté des souvenirs de tout ce qui s’est accompli en ces deux dernières journées,