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Page:Verne - Les Naufragés du Jonathan, Hetzel, 1909.djvu/397

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— Parce que j’avais vu quelqu’un que je connais avec eux, gouverneur.

— Quelqu’un que tu connais avec les Patagons !… s’écria le Kaw-djer au comble de la stupeur.

— Oui, gouverneur.

— Qui donc ?

— Sirdey, gouverneur.

Sirdey !… Le Kaw-djer pensa sur-le-champ à ce que lui avait dit Athlinata. Sirdey serait-il donc l’homme blanc dans les promesses duquel l’Indien avait tant de confiance ?

— Tu en es sûr ? demanda-t-il vivement.

— Sûr, gouverneur, affirma Dick. Mais le reste je n’en suis pas sûr… Je crois seulement, gouverneur.

— Le reste ? Qu’y a-t-il encore ?

— Quand il a fait nuit, gouverneur, j’ai cru voir quelqu’un s’approcher de l’épaulement…

— Sirdey ?

— Je ne sais pas, gouverneur… Quelqu’un… Après, il m’a semblé qu’on parlait et qu’on remuait quelque chose… comme qui dirait des dollars… Mais je ne suis pas sûr…

— Qui était de garde à cet endroit ?

— Patterson, gouverneur.

Ce nom-là était de ceux qui sonnaient le plus mal aux oreilles du Kaw-djer, que ces étranges nouvelles plongeaient en de profondes réflexions. Ce qu’avait vu et entendu Dick, ce qu’il avait cru voir et entendre plutôt, avait-il quelque rapport avec le travail entrepris par Patterson ? Cela pouvait-il expliquer, d’autre part, l’inaction des assiégeants, inaction dont les assiégés commençaient à être grandement surpris ? Les Patagons comptaient-ils donc sur d’autres moyens que la force pour se rendre maîtres de Libéria, et poursuivaient-ils dans l’ombre l’exécution de quelque plan ténébreux ?

Autant de questions qui restaient encore sans réponse. En tous cas, les renseignements étaient trop vagues et trop incertains pour qu’il fût possible de prendre une résolution dans un sens quelconque. Il fallait attendre, et surtout surveiller Patterson, puisque, injustement peut-être, son attitude semblait louche et prêtait aux soupçons.

— Je n’ai pas à te gronder, dit le Kaw-djer à Dick qui atten-