Aller au contenu

Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/221

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

203
seconde patrie.

s’enfuyait vers le nord, il n’y eut qu’à en suivre la rive gauche.

Ni Fritz ni François ne connaissaient cette rivière, puisque leurs excursions ne les avaient jamais amenés sur la partie centrale de l’île. Ils ne se doutaient guère, en vérité, qu’elle eût déjà reçu un nom, qu’elle s’appelât la Montrose, pas plus qu’ils ne connaissaient le nouveau nom de pic Jean-Zermatt, sur lequel flottait le pavillon britannique. Et quelle satisfaction pour Jenny, lorsqu’elle apprendrait que ce cours d’eau, l’un des plus importants de la Nouvelle-Suisse, portait le nom de sa famille !

Après une heure de marche, on abandonna la Montrose, qui obliquait brusquement vers l’est. Deux heures plus tard, Fritz, François, qui avaient pris les devants, mettaient enfin le pied sur une région déjà connue d’eux.

« La vallée de Grünthal ! » s’écrièrent-ils, en la saluant d’un hurrah.

C’était bien la vallée de Grünthal, et il n’y avait plus qu’à la remonter jusqu’au rempart qui fermait la Terre-Promise pour se trouver au défilé de Cluse.

Cette fois, aucune considération, faim ou fatigue, n’aurait pu les retenir ni les uns ni les autres ! À la suite de Fritz et de François, tous avançaient d’un pas rapide, bien que le chemin fût raide. Ils étaient comme poussés en avant, à l’approche de ce but qu’ils avaient désespéré de jamais atteindre !