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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/258

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seconde patrie.

Jenny, Doll, Suzan attendraient au pied de l’arbre un signal pour les rejoindre.

Tous trois prirent donc l’escalier en tâtonnant, car ils n’avaient point voulu allumer un fanal dont la lumière aurait risqué de les trahir.

Dans l’habitation du bas, personne, ni sous les hangars. Les hommes venus dans la journée avaient-ils repris le chemin de Felsenheim, ou se trouvaient-ils sur la plage vers laquelle s’était dirigée la pirogue, c’est là ce qu’il importait de reconnaître.

Mais il importait surtout de ne point se départir de la prudence observée jusqu’alors. C’est pourquoi Fritz et John Block résolurent de gagner seuls le rivage, tandis que François resterait en observation à l’entrée de la cour, prêt à remonter, si quelque danger menaçait Falkenhorst.

Fritz et le bosseman franchirent la palissade, traversèrent la clairière à laquelle aboutissait l’avenue de Felsenheim. Puis, se glissant d’arbre en arbre pendant deux centaines de pas, écoutant, regardant, épiant, ils arrivèrent à l’étroite coupée des dernières roches que baignaient les lames.

La grève était déserte, comme la mer, jusqu’au cap, dont on entrevoyait à peine le profil à l’est. Aucune lumière ne se montrait ni dans la direction de Felsenheim ni à la surface de la baie du Salut. Seul, un massif se détachait à trois quarts de lieue au large.