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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/93

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seconde patrie.

profils moins raides, grâce à son allongement vers le large. Cependant, même de ce côté, sans doute, l’ascension serait très difficile, pour ne pas dire impossible.

Ce que le capitaine Gould et ses compagnons éprouvèrent d’abord, ce fut une impression de découragement devant l’aspect sauvage et désolé de ce tapis de sable, crevé ça et là de têtes rocheuses. Pas un arbre, pas un arbuste, pas trace de végétation, – l’aridité dans toute sa tristesse et toute son horreur. Pour unique verdure, de maigres lichens, ce produit rudimentaire de la nature, sans racines, sans tiges, sans feuilles, sans fleurs, ressemblant à des plaques dartreuses appliquées sur le flanc des roches et nuancées depuis le jaune passé jusqu’au rouge vif. Puis, çà et là, des moisissures visqueuses, dues aux humides apports des vents du sud qui dominaient en cette région. Au rebord de la falaise, il ne poussait pas un brin d’herbe, ni à ses parois granitiques une de ces plantes lapidaires auxquelles il faut si peu d’humus, cependant ! Devait-on en conclure que cet humus manquait au plateau supérieur ?… La chaloupe n’avait-elle accosté qu’un de ces arides îlots qui n’ont pas de dénomination géographique ?…

« L’endroit n’est certes pas gai… murmura le bosseman à l’oreille de Fritz.

– Peut-être eussions-nous été plus favorisés en atterrissant du côté de l’est ou de l’ouest ?…