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Page:Vers et Prose, tomes 20 à 23, janvier à décembre 1910.djvu/66

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Parfois, elle mettait si je me reposais
Ses bras nus sur mon front qu’illuminait la lampe
Et ses lèvres sentaient en posant leurs baisers
Frémir le cœur d’oiseau qui battait sous ma tempe.

C’était auprès de moi quelque chose de bleu
D’où ruisselaient tous les parfums dont tu m’inondes
Et quand, ô grande fleur ; tu te penchais un peu
Tes mains sous l’abat-jour faisaient deux taches blondes.

Hélas ! porte joyeuse et miroirs étonnés,
Mon âme d’autrefois est partie avec elle,
Les muguets sont flétris, les lilas sont fanés,
Elle a serré ma joie au fond de sa dentelle.

Il faudra secouer les roses du rideau,
Les coussins du divan, le tapis, les portières,
Et si triste, écouter le bruit des gouttes d’eau
Accompagner le vent qui court sur les gouttières.

Allons ! voici qu’il pleut dans l’aube, lève-toi,
Derrière une fenêtre, une lampe jolie
S’allume, le brouillard recèle chaque toit,
Salut, ô ma tristesse, ô ma mélancolie !

edmond gojon