Aller au contenu

Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tion dans ses Contes populaires de l’ancienne Égypte[1], elle l’aurait été aux premiers temps des invasions éthiopiennes : « la charge de grand-prêtre d’Amon venait de tomber en désuétude, et les sacerdoces qui subsistaient encore devaient chercher à hériter par tous les moyens de la haute influence qu’avait exercée le sacerdoce disparu. »

Les faussaires n’eurent pas besoin de faire beaucoup de frais d’imagination, car ils construisirent leur conte sur un thème fréquent dans toutes les littératures populaires : un esprit, entré au corps d’une princesse, lutte avec succès contre les exorcistes, et il ne s’en va qu’à de certaines conditions. Voulant, d’autre part, pour la plus grande gloire de leur dieu, mettre l’histoire de la princesse guérie au compte de l’illustre Ramsès II, ils attribuèrent au souverain dont parle leur inscription le nom et les prénoms du fameux conquérant[2], et ils s’inspirèrent d’un fait vrai :


  1. P. 159-167 : La fille du Prince de Bakhtan et l’Esprit possesseur.
  2. La stèle de la princesse de Bachtan donne, entre autres titres, à Ramsès un titre que Rougé traduit dans sa version latine par dominus duarum regionum et dans son commentaire par roi de la haute et de la basse Égypte. (M. Maspéro traduit : roi des deux Égyptes.) Plus loin, le prince est décoré de titres que Rougé traduit : roi de la région noire, prince des régions rouges, et le traducteur explique que Kêmi, la région noire, c’est l’Égypte, qu’il y a deux régions rouges formant ensemble la Nubie. (M. Maspéro traduit ici : roi de l’Égypte, prince des tribus du désert.) Est-ce à ce double titre de roi de la région noire, prince des [deux] régions rouges que songe Leconte de Lisle quand il parle des trois empires ?

    (Les vingt nomes, les trois empires sont en deuil.)

    Je le pense. Mais l’expression les trois empires, dont le poète a l’air de faire en quelque sorte le nom officiel du rovaume de Ramsès, semble bien avoir été forgée par lui. — Il n’y a pas plus d’exactitude dans l’expression, en apparence si précise, les vingt nomes. Car l’Égypte, primitivement soumise au régime féodal, continuait bien à être subdi-