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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/172

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runas publiées par Lönnrot et qui avaient été traduites en français, dès 1845, par Léouzon Le Duc[1]. Il connut certainement aussi l’article de Xavier Marmier sur les Chants populaires de la Finlande (Revue des Deux Mondes, Ier octobre 1842).

Le principal personnage du Kalewala est le dieu Wäinämöinen, appelé généralement le vieux ou le brave Wäinämöinen. Wäinämöinen ! C’était là un nom que nos oreilles françaises auraient trouvé bien dur pour être celui d’un dieu qui inventa la musique. Aussi Leconte de Lisle n’a-t-il jamais désigné son héros autrement que par un de ces beaux surnoms qui lui sont parfois donnés dans le Kalewala : le Roi des Runes ou l’éternel Runoïa.

Wäinämöinen est le dieu suprême des Finnois. Ce n’est pas un dieu unique, car autour de lui gravite une multitude de dieux inférieurs. Ce n’est pas un dieu qui ait existé de tout temps, car on sait qu’il demeura trente étés et trente hivers dans le sein de sa mère, et on connaît le nom de son père, Kalewa le géant, qui rentra d’ailleurs dans le silence aussitôt qu’il eut donné naissance à son fils. Mais s’il n’est pas le plus ancien de tous les êtres, Wäinämöinen a créé le monde que nous habitons. De quelle manière ? La première runa nous le raconte dans un récit plein de contradictions bizarres qui font supposer que des légendes différentes y ont été juxtaposées.


  1. La Finlande, Son histoire primitive, sa Mythologie, sa Poésie épique, avec la traduction complète de sa grande épopée : le Kalewala, son génie national, sa condition politique et sociale depuis la conquête russe, par Léouzon Le Duc ; Paris, Jules Labitte, 1845, 2 vol.