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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/179

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s’est inspiré surtout de cette dernière runa, où il avait particulièrement remarqué la plainte du bouleau et le spectacle pittoresque du roi du désert à la peau hérissée dansant sur ses deux pieds aux sons admirables de l’instrument de Wäinämöinen.


Le Roi des Runes, raconte-t-il, écoutait gronder la mer, l’ours rugir et pleurer le bouleau. Il les interrogea et chacun lui fit sa plainte.

— Roi des Runes, dit l’Arbre au feuillage blême,


Qu’un âpre souffle emplit d’un long frissonnement,


jamais je n’ai vu rayonner la vierge sous le regard de son bien-aimé.

— Roi des Runes, dit la Mer infinie, mon sein froid n’a jamais connu la splendeur de l’été ; je n’ai jamais chanté, joyeuse, au soleil.

— Roi des Runes, dit à son tour l’Ours, hérissant ses poils rudes, comme j’envie l’agneau qui paît l’herbe embaumée !

Alors le Skalde prit sa harpe : l’Arbre fut baigné d’aurore, un rire éclatant courut sur la Mer, l’Ours charmé se dressa sur ses pattes et des larmes de tendresse ruisselèrent à travers ses poils rudes.


Nous n’assistons plus ici à la fabrication du kantele ; nous ne voyons plus tous les êtres de la nature suspendus aux lèvres du dieu ; la plainte du bouleau a perdu une part de son éloquence ; le rôle de l’ours a pris tant d’impor--