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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/181

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breuses légendes. Ce sont deux de ces légendes qui ont servi de sources au poème que Leconte de Lisle a intitulé le Runoïa. Toutes les deux sont probablement anciennes et remontent, Léouzon Le Duc le pense, à l’époque où le nouveau culte triompha définitivement de l’ancien.


L’une de ces légendes est racontée dans la trente-deuxième et dernière runa du Kalewala publié par Lönnrot et traduit par Léouzon Le Duc.

Mariatta, la belle enfant, qui toujours avait vécu innocente, qui toujours avait cultivé avec amour la fleur de sa chasteté, fut envoyée pour paître les troupeaux. C’était là une tâche difficile ; car le serpent se glisse dans l’herbe, les lézards se roulent dans le gazon[1].

Sur la colline, une petite baie rouge se balançait, suspendue à son rameau. — Viens me cueillir, ô vierge, disait-elle, avant que le ver ne m’ait rongé, que le serpent noir ne m’ait souillée de son baiser. — Mariatta ne put cueillir la baie avec la main ; elle la fit tomber à terre avec un pieu et lui demanda de monter jusqu’à ses lèvres. La baie y monta, puis de là descendit dans la gorge, dans la poitrine. Et Mariatta fut fécondée par la petite baie.

Quand le dixième mois fut arrivé, elle envoya sa servante au village demander un bain. (Les femmes de la Finlande accouchent dans un bain.) La servante arriva à la maison de l’horrible Ruotas (Hérode). Vêtu d’une longue robe de


  1. Les lézards se roulent-ils dans le gazon en Finlande ? — Je cite textuellement ici la traduction de Léouzon Le Duc.