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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/249

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même de son poème, Leconte de Lisle a eu un autre dessein que de mettre sur les lèvres de son héros un discours approprié à sa situation. Il a voulu, dans ce morceau, condenser, je ne dis pas tout le Coran, qui est un assez gros livre, mais les pages capitales du Coran, celles qui ont eu une si profonde influence sur les destinées d’une si grande partie du monde, celles qui ont suscité des milliers d’invincibles soldats en promettant aux défenseurs d’Allah les joies d’un paradis voluptueux et en menaçant ses adversaires d’un insigne châtiment. Un poème qui, sans être précisément une histoire de l’islamisme, voulait nous ouvrir des perspectives sur les origines, l’apogée, l’avenir de l’islamisme n’eût point été complet si on n’y eût pas vu quelque part le ressort qui mit en branle le fanatisme musulman[1].

La défense de Mouça exaspère le Khalyfe. — Voleur, lui crie-t-il, les vingt couronnes des rois goths et les dépouilles des cités royales, qu’en as-tu fait ? Rends-les pour prix de ta vie inutile. — Mais, comme Mouça refuse de rien ajouter, il s’entend condamner à être traîné par la ville sur un âne à rebours, à être fouetté dans chaque carrefour, à avoir la tête tranchée au coucher du soleil. — L’arrêt vaut le juge, — fait-il observer simplement. Et la sentence s’exécute.

Ici, Leconte de Lisle s’éloigne beaucoup des historiens


  1. Une remarque. Ce n’est pas dans l’une des descriptions du paradis faites par le Coran que Leconte de Lisle a trouvé les quatre fleuves de lait, de vin pur et de miel : c’est dans la fameuse vision de Mahomet, dont nous parlerons bientôt.