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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/248

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avec la veuve de Roderic, en affectant de considérer cette union comme un commencement d’apostasie. Leconte de Lisle ne fait donc rien dire à l’accusateur de Mouça que sans doute ses ennemis n’aient réellement murmuré aux oreilles du khalyfe, s’ils ne l’ont pas peut-être crié publiquement.)

À son accusateur Mouça oppose une dénégation méprisante. Il en appelle au Très Haut, à l’Unique : — Louanges à lui, immuable et vivant ! Gloire à lui, qui seul est éternel ! Mouça attend avec confiance le jour où sonnera le clairon du dernier jugement, où les Justes s’en iront boire aux quatre fleuves de lait, de vin pur et de miel, qu’Allah fera jaillir pour leurs lèvres charmées ; où ils verront ces vierges au front ceint de roses éternelles, dont les yeux sont si doux qu’un regard tombé de leurs prunelles enivrerait Yblis, le chef des mauvais anges, et le rachèterait : ces Hûris célestes,


Blanches comme le lys, pures comme l’encens.


Et ce même jour, les lâches, qu’ils soient Émyrs, Hadgebs, Khalyfes, ceux qui auront blêmi de la gloire d’autrui, Yblis le Lapidé, les prendra dans sa griffe et crachera de dégoût sur eux. Mouça n’a rien d’autre à dire : il a vécu, il meurt, c’est la loi.

Rien n’est plus naturel que cette réponse : accusé d’être un mauvais musulman, Mouça répète et commente les premiers mots du Coran : « Louanges au Très Haut ! », puis ayant dit ce qu’il croit, il dit ce qu’il espère. Mais en plaçant ainsi cette profession de foi musulmane au centre