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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/268

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maître de Saint-Jacques, le récit — procédé singulier — est commencé par le héros lui-même, puis achevé par le poète. Pour ne pas engendrer de confusion dans l’esprit des lecteurs, résumons-le comme s’il était fait tout entier par le poète.

Le grand-maître vivait à Coymbre, quand don Pèdre l’invita à venir voir les tournois qu’il avait préparés à Séville. (Leconte de Lisle alléguera un motif plus décisif : une guerre nouvelle.) Don Frédéric prit avec lui treize hommes montés sur des mules, vingt-cinq montés sur des chevaux. (Ils deviendront chez Leconte de Lisle dix chevaliers de noble origine.) Au passage d’une rivière, l’infant tomba de sa mule, perdit son poignard doré et vit se noyer son page favori ; c’étaient là trois mauvais présages. (Leconte de Lisle n’en retiendra qu’un, la perte du poignard, mais y ajoutera celui-ci : le chien du grand-maître, au départ, hurla d’une façon lamentable ; à l’imitation de Hugo, Leconte de Lisle semble ici donner aux animaux une intuition refusée à l’homme.)

À la porte de Séville, Frédéric rencontra un clerc qui le conjura de ne pas pousser plus avant. Il ne tint pas compte de cet avertissement. Dès qu’il eut dépassé la porte du palais, elle se referma sur lui, on lui enleva son épée, on le sépara de ses compagnons, qui lui conseillèrent de s’enfuir. Mais se sentant sans reproche, il entra dans l’appartement de son frère.


— Que Dieu vous maintienne en paix, ô bon roi ! vous et les vôtres jusqu’au dernier !

— Soyez venu à la male-heure, grand-maître ! Grand-