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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/269

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maître, soyez le mal-venu ! Vous ne venez jamais nous voir qu’une fois dans l’année ; et encore, grand-maître, est-ce par force et par ordre. Votre tête, grand-maître, voilà l’étrenne que je veux de vous !

— Pourquoi cela, bon roi ? je ne vous ai jamais offensé ; je ne vous ai jamais abandonné dans la guerre, ni quand vous vous battiez avec les Mores[1].

— Venez ici, mes portiers et qu’il soit fait selon mes ordres.


Le roi n’eut pas plus tôt achevé, qu’on coupa la tête au grand-maître, et don Pèdre l’envoya, dans un plat, à sa maîtresse, Maria de Padilla. « Vous payez ainsi, traître, dit-elle, le passé et le présent ; » et, prenant la tête par les cheveux, elle la jeta à un chien. C’était le chien du grand-maître. Il poussa de tels gémissements que tout le palais en retentit. « Qu’est-ce qui a fait du mal à ce chien ? » demanda le roi. « Il tient la tête du grand-maître, votre frère, » lui répondit-on. Et la romance conte alors qu’une tante des deux princes ayant reproché son crime au Cruel, il la fit enfermer dans une prison obscure où désormais ce fut lui-même qui lui porta sa nourriture. (Leconte de Lisle négligera cette fin.)


Il existe deux romances Sur la mort de la reine Blanche. Elles ne diffèrent que par les détails. Leconte de Lisle a imité la seconde.

Sur les instances de Maria de Padilla, raconte-t-elle, don


  1. Leconte de Lisle développera cette défense ; mais elle deviendra les réflexions que Don Fadrique fait en cours de route pour se rassurer contre les mauvais présages.