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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/28

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l’exilé. Enfin, il n’y tient plus, il donne l’ordre de le rappeler :


Pars à l’instant même, cocher ; va promptement et ramène ici mon fils Rama ; car je ne puis vivre sans lui dans cet égarement d’esprit où m’a jeté le Destin.

Ou plutôt, comme pour aller et revenir, ce double trajet doit causer ainsi un trop long retard, fais-moi, cocher, monter moi-même sur le char, et conduis-moi rapidement où je puisse voir enfin mon bien-aimé Rama…

Car, si je ne vois pas mon Rama, de qui le visage est aimé comme la pleine lune, Rama de qui les yeux ressemblent aux pétales charmants du lotus, j’irai bientôt dans les demeures d’Yama[1].


Mais, après s’être lamenté, le vieillard tombe évanoui, et bientôt il meurt.

Le trône appartient au fils de Kékéyi. Mais Kékéyi n’avait pas prévu que Bharata aurait la générosité de ses frères. Il ne veut point d’une couronne obtenue par une perfidie. Il rejoint Rama et lui rend son héritage. Rama le refuse : le roi a juré que Rama resterait en exil pendant quatorze ans ; le roi est mort, mais sa parole doit être respectée. Alors Bharata, retournant au palais, dépose sur le trône royal les sandales de Rama, et, pendant les quatorze ans d’exil, il administrera le royaume, mais ce sera au nom de son frère aîné.


Ô large chant d’amour, de bonté, de vertu,…
Ramayana !



  1. La mort. Trad. Fauche, t. II, p. 340.