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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/301

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Au fond de sa demeure, Akhab, l’œil sombre et dur,
Sur sa couche d’ivoire et de bois de Syrie
Gît, muet et le front tourné contre le mur.

Sans manger ni dormir, le Roi de Samarie
Reste là, plein d’ennuis, comme, en un jour d’été,
Le voyageur courbé sur la source tarie.


C’est la physionomie pittoresque des choses et des hommes, celle des lieux, des maisons, des costumes, des discours que le poète a voulu reconstituer. Et, par un procédé, qui n’est certes pas exceptionnel chez lui, mais que jamais il n’a poussé aussi loin, la couleur locale n’est pas ici massée dans quelques tableaux : elle est disséminée dans toutes les parties du poème et intimement fondue avec l’action. Aucun paysage qui remplisse le cadre d’une phrase entière et qu’on puisse détacher du contexte : quand on voit flamboyer les cèdres du Liban, c’est pour apprendre que l’heure est venue du conseil des anciens ; on ne connaît les figuiers aux fruits roux que parce qu’ils abritent la délibération des vieillards, et les sentiers pierreux du Carmel que parce qu’ils sont le chemin où passe le prophète :


Or, ayant dit cela, l’Homme de l’Éternel,
Renouant sur ses reins sa robe de poil rude,
Par les sentiers pierreux qui mènent au Carmel,

S’éloigne dans la nuit et dans la solitude.


Ce sont donc les gestes des personnages qui nous décrivent le milieu où leur vie s’écoule. Ce sont surtout leurs paroles. Car, suivant les habitudes des narrateurs