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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/311

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vives protestations : le Caïn de lord Byron, mystère en trois actes. C’est bien cependant des hardiesses de l’une que dérivent en partie les hardiesses de l’autre, et c’est dans la bouche du Caïn anglais que l’on retrouvera le thème des plus éloquentes récriminations du Qaïn français.

— Quel mal avais-je fait ? demande le héros de Leconte de Lisle. Pourquoi mon père ne m’écrasait-il pas sur le roc, quand je vis la lumière ? Est-ce moi qui ai dit à l’argile inerte : Souffre et pleure ! Est-ce moi qui ai mis le désir auprès de la défense, moi qui ai dit de vouloir et puni d’obéir ?

Le Caïn de Byron ne parle pas autrement :

Adam.

Nos prières terminées, rendons-nous chacun à notre travail… Il n’est pas pénible, quoique nécessaire : la terre est jeune et nous cède ses fruits avec complaisance…

Caïn, seul.

Et c’est donc là la vie ! travailler ! Et pourquoi faut-il que je travaille ? Parce que mon père n’a pu conserver sa place dans Éden. Qu’avais-je fait, moi ?… Je n’étais pas né… Je ne cherchais pas à naître ; et je n’aime point l’état auquel la naissance m’a réduit. Pourquoi céda-t-il au serpent et à la femme ? ou pourquoi est-il puni d’avoir cédé ? Qu’y avait-il à cela ? L’arbre fut planté ; et pourquoi pas pour lui ? Sinon, pourquoi le placer près de lui et le faire croître le plus beau des arbres[1] ?

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  1. Plus loin Lucifer fait la même question : « Avais-je planté des arbres défendus, à la portée d’êtres innocents et curieux par leur innocence même ? »