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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/321

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jeune fille qui a jadis abandonné son enfant, mais qui aujourd’hui voudrait le retrouver ; et les scènes qui naissent de la situation sont traitées avec toute la vérité qu’on est en droit d’attendre de ce grand peintre des passions.


Leconte de Lisle a fait au plan d’Euripide une seule modification notable : il a mis en action l’épisode du festin. Sauf ce changement, qui n’altère pas le sens de l’œuvre, il a suivi scène par scène le plan de son modèle. Mais il a élagué beaucoup de détails et resserré le dialogue, visiblement peu intéressé par le drame sentimental et romanesque qui avait charmé Euripide.

Qu’est-ce qu’il a donc vu dans le sujet d’Ion ? L’éloge de la Grèce et d’Athènes, pays de la beauté.

La dernière scène du poème en dégage nettement le sens : les Muses, et non plus Minerve, y apparaissent à Ion et lui montrent Athènes telle qu’elle sera dans l’avenir : l’Acropole, le Parthénon, la statue de Pallas, les temples, le port, les trirèmes ; elles saluent


La ville des héros, des chanteurs et des sages,
Le Temple éblouissant de la sainte Beauté.


Pour Leconte de Lisle, Ion, le père des Ioniens, est avant tout la personnification du génie grec. Il est doux, il est humain, il est modéré dans ses désirs ; il a l’esprit hardi et juge ses dieux. Il est surtout épris de beauté, et tandis que chez Euripide il purifie et pare le temple d’Apollon par reconnaissance envers le conservateur de ses jours, il ne le fait plus maintenant que par amour pour l’art. Écoutons le héros d’Euripide :