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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/339

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Rhodes. Le désespoir du héros y est peint longuement. Hylas, en tombant dans l’eau, a jeté un cri perçant. Un des navigateurs, Polyphême, l’a entendu ; il court à la fontaine.


Tel qu’un lion affamé, entendant le bêlement des moutons, s’approche avec vitesse, et, ne pouvant se jeter sur le troupeau que les bergers ont renfermé, pousse pendant longtemps d’affreux rugissements : tel le fils d’Élatus fait retentir au loin l’air de ses gémissements[1].


En vain il parcourt tous les lieux d’alentour, rien ne répond à ses cris. Enfin il rencontre Hercule et lui annonce le malheur: Hylas a disparu, dérobé sans doute par des voleurs ou par des bêtes sauvages. A cette nouvelle le héros sent une sueur abondante couler de son front ; son sang bouillonne dans ses veines.


Enflammé de colère, il jette aussitôt le pin qu’il portait, et suit en courant le chemin qui se présente à lui. Comme un taureau, piqué par un taon, s’échappe du pâturage, et, fuyant loin des bergers et du troupeau, s’arrête quelquefois, lève sa tête altiére, et, pressé par la douleur, pousse d’effroyables mugissements, ainsi Hercule, emporté par sa fureur, tantôt court avec rapidité, et tantôt, suspendant sa course, répète avec des cris perçants le nom de son cher Hylas.


Cependant Apollonius s’est intéressé aussi à l’amour de la nymphe — car chez lui il n’y a plus qu’une seule nymphe — pour Hylas, et dans la naissance de cette passion, il fait jouer un rôle au décor : Éphydatie, levant sa tête au-dessus de l’onde limpide, aperçut


  1. Traduction Caussin.