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Page:Vianey - Les Sources de Leconte de Lisle, 1907.djvu/340

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le jeune Hylas, et découvrit à la faveur de la lune, qui laissait tomber sur lui ses rayons, l’éclat de sa beauté et les grâces de son visage. Aussitôt l’amour s’empare de ses sens, elle est toute hors d’elle-même, et demeure interdite. Hylas, penché sur le bord, plongeait son urne au milieu des ondes, qui se précipitaient avec bruit dans l’airain résonnant. La nymphe, brûlant d’appliquer un baiser sur sa bouche délicate, lui passe une main autour du col, et le tire de l’autre par le bras. L’infortuné est entraîné au fond des ondes, et jette en tombant des cris perçants.


La nymphe sut-elle consoler le jeune homme ? le poète ne le dit point.


Apollonius avait partagé son intérêt entre Hercule et la nymphe. Properce (Élégies, I, xx) adresse le sien tout entier aux nymphes et relègue Hercule au dernier plan. Il donne aussi un long développement au décor. Non que ce décor agisse sur les sens des personnages et prépare les voies à l’amour ; mais il arrête Hylas, l’occupe, l’amuse et permet ainsi aux nymphes de le contempler longuement


Au pied du mont Arganthe, étaient les sources de l’Ascanius, séjour favori des nymphes de Bithynie. Au-dessus pendaient à des arbres solitaires des fruits vermeils qui ne devaient rien à la culture. Tout autour, constamment rafraîchie par les eaux, s’étendait une prairie où s’élevaient des lis dont l’éblouissante blancheur se mêlait à la pourpre des pavots. Hylas oublie son office pour les jeux de son âge : tantôt il cueille des fleurs d’une main légère ; tantôt il se penche, l’imprudent, sur ces belles ondes et perd le temps à regarder sa flatteuse image ; il veut enfin remplir son urne. Appuyé sur l’épaule droite, il tend le bras et la retire pleine. Mais les Dryades, éprises de tant de